J’ai cherché et je cherche encore...
J’ai cherché à avoir la répartie du funambule,
À soigner cette fierté au poitrail décharné,
À éteindre l’incendie de mes rêves devenus cauchemars,
À réchauffer mes lèvres bleues de silence, scellées par l’oubli,
À ne plus être la clé d’une porte sans serrure,
À voir clair au travers des vapeurs d’errance ondoyant à la surface du monde,
À tracer des trajectoires irréfutables au travers de cet enchevêtrement émotionnel,
J’ai cherché quelque mur où pendre mon chapeau,
J’ai cherché à couler de source,
J’ai cherché et je cherche encore en moi, comme dans les vestiges d’une civilisation éteinte
Amer savoir de celui qui est du voyage
*
Dans les moments de solitude,
Tu respires des fluides colossaux et ingrats
Tu explores des fresques lunaires ravagées par les tempêtes de crânes
Tu soutires le chant d’un ennemi ventral et basaltique
Tu troubles des eaux peuplées de secrets fugaces et translucides
Tu coupes le souffle de l’esprit
D’un souffle du doigt,
Tu terrasses des mondes entiers
Tu nourris des crevasses pâles de larmes granitiques
Tu récites des versets buboniques invoquant le Tourmenteur
Tu déploies des leurres subliminaux et court-circuites les orbes
Tu lèves le sceau du cyclone
A l’orée du jour,
Tu arpentes des miroirs aux horizons mercuriels
Tu dilapides des peaux lubriques et vertigineuses
Tu sonnes les flambeaux d’une aurore prismatique
Tu déposes ton spectre sur le chevalet des songes
Tu arbores les couleurs du silence
A la croisée des peuples,
Tu admires les vestiges d’un orchestre tellurique
Tu distilles des ombres au coeur d’un temple en sourdine
Tu ouvres une fiole emplie d’un rêve doux et parfumé
Tu déchiffres des symboles cinétiques gravitant autour d’un astre orphelin
Tu revets l’écorce de la quiétude
De Charybde en Scylla,
Tu t’ennivres d’un nectar cupide et sibyllin
Tu déformes le macadam hurlant d’un chagrin abrasif et souffré
Tu bannis les hologrammes des alcôves pornographiques
Tu brûles la chandelle par les deux syllabes
Tu reviens d’entre les oriflammes
*
Des favelas de paraffine et de cendres
Des brahmanes androïdes psalmodiant en tripotant un chapelet de cerveaux de poules secs comme des raisins de Corynthe
Des hommes-chats de le Guilde des Enlumineurs dorant des spectres à la feuille d'or
Des léproseries aux enseignes lumineuses
Des échassiers trijambistes
Des hommes caoutchouc se contorsionnant sur le dos d'éléphants d'ébène
Des cracheurs d'aurores boréales
Des charmeurs de lances à incendie épileptiques
Des nuées de photophores migrateurs revenant du Pays des Esprits
Des souffleurs de rêves
Un chérubin aux dents bleues, le visage nimbé de cheveux blonds, réincarnation du Roi Priam
Des hydres musicales
Des geishas désincarnées, manipulées par des proxénètes ventriloques
Capitaine Tsuzuki à bord de son poisson lunaire
Des nonnes de Sainte Culotte brimant les orants
Un sanatorium embrumé, investi par les toxicomanes du rêve
Un océan de cadavres, éternel festin de hyènes boulimiques
Des palais d'hélium flottant comme des nuages
Un cachalot tétraplégique vautré sur un sofa infésté d'asticots
Des monarques vieux et séniles armés de flingues, crachant des huîtres noires sur le macadam
Des colonies d'ampoules en floraison convulsant au rythme de la Danse des
Sept Voiles
Un vagabond, un fou, un brave qui a perdu pied, terré au fin fond d'une calebasse
La Cour des Miracles, le coeur des mirages, la clé de l'hémorragie
*
I
A la lune de verre,
J'avance à travers la lande spectrale
Aquarellé comme jamais,
Le pied aiguisé et l'oeil éclos,
Blanchissant mes songes d'une ivresse palpable
II
Un carnassier du fond des âges
Ventru et luisant d'une lividité chimérique,
Arpentant des fluides lourds
En quête de pulsations,
Imprimant sa marque
Dans la cambrure pourpre et inviolée
D'un corps crépusculaire aux abois
III
Les cheveux globuleux,
Le regard d'un impala égaré dans le métro,
J'erre totalement ornithorinque du bras gauche
Au beau milieu d'un désert pneumatique
Au détour d'une pendule,
Amputé de toute lucidité,
Je me surprends dans d'atroces redingottes
A défier un paon au rami
*
Le chant dans mes veines s’est tu
Mon coeur,
Ce tombeau affamé,
Cette créature exsangue recroquevillée sous la crinoline d’une robe de
marbre,
Ne hurle plus
L’orchestre s’est refermé
*
Cette chute
Cette chute vertigineuse entre les parois inviolables du silence
Cette chute d'une âme usée jusqu'à la corde, à bout de souffle
N'aspirant plus qu'à une chose, l'éclipse totale des sens
Ivresse des profondeurs
Jusqu'à ce que la pulsation ne soit plus perceptible
Les dernières bulles d'air abandonnant leur hôte rejoindront bientôt
la surface pour délivrer des rêves morts-nés
Ultime visionnage du film d'une existence bradée dans le néant
Une pellicule délavée s'évanouissant lentement dans le mutisme des
eaux froides et impassibles
*
Dévoiler ces secrets
Reviendrait à couper le courant
Dans une nécropole équivalente à New York
En saison de clavecins marécageux
La permaculture ne saurait nous étourdir dans un petit monde clos, tant soit-il enchanteur et paisible ... Des voyages ! ... nus pieds, car on ne saurait savourer et comprendre autrement ... des rencontres, avec ceux de pays profonds, leurs contes, leurs mémoires, et les traces de leurs aïeux ... chemins et laies faisant.
La pierre, le bois, le fer, aussi la terre, l'eau, le feu et l'air ... des forêts, des ruisseaux, faunes et fanes, de villages en hameaux, de vaux en breuils, et de bouches en bouches ... des rêves partagés et coulés dans la même gamelle, la même fontaine, ou la même bolée, autour d'un brasillant de bois ... qu'importent les godilles, qu'en furent les écoles ! ... les sourires sont de mêmes rondes.
C'est une vie qu'on sème en un jardin, et autant celles de ceux qui l'ont nourri ... On ne saurait y frauder, pas plus y mystifier ... comme on ne saurait flouer le temps bien longtemps ... les frêles friselis du vivant veillent aux concordes et résonances ...
Ce qui ose vivre s'en est toujours plus fort que la médiocrité: prospérant, propageant, et, finalement, engloutissant tout ce qui voudrait l'en dissuader d'être généreux.
Jamais la rosée n'en perd une goutte de mémoire, jamais le vent n'en délaierait les filandres de l'aube.
Là s'en hume l'humus, s'en palpe les coings verts, encore s'en goûte les myrtilles, s'en ouissent les butines et s'en mirent les lucioles ...
Ici, chacun sait que toute hiérarchie condamne la diversité des essences de résilience, et que ce qui fait vie, dans son authenticité et sa spontanéité abreuve la saine danse de la pleine mue ...
Je marcherai longtemps encore ... cueillant, doigts nus, et d'yeux en yeux, de menues gouttes de nues lèges, glanant, sur les joues fines, quelques aveux d'orages, soufflant à pleines paumes les duvets d'oisillons agiles...
J'aime les fruits aux bords des lèvres ... Toujours un jardin s'y habite et s'orne d'ondes et tintines ...
La permaculture ne saurait nous étourdir dans un petit monde clos, tant soit-il enchanteur et paisible ... Des voyages ! ... nus pieds,
car on ne saurait savourer et comprendre autrement ... des rencontres, avec ceux de pays profonds, leurs contes, leurs mémoires, et les traces de leurs aïeux ...
chemins et laies faisant.
La pierre, le bois, le fer, aussi la terre, l'eau, le feu et l'air ... des forêts, des ruisseaux, faunes et fanes, de villages en hameaux, de vaux en breuils,
et de bouches en bouches ... des rêves partagés et coulés dans la même gamelle, la même fontaine, ou la même bolée, autour d'un brasillant de bois ...
qu'importent les godilles, qu'en furent les écoles ! ... les sourires sont de mêmes rondes.
C'est une vie qu'on sème en un jardin, et autant celles de ceux qui l'ont nourri ... On ne saurait y frauder, pas plus y mystifier ...
comme on ne saurait flouer le temps bien longtemps ... les frêles friselis du vivant veillent aux concordes et résonances ...
Ce qui ose vivre s'en est toujours plus fort que la médiocrité: prospérant, propageant, et, finalement, engloutissant
tout ce qui voudrait l'en dissuader d'être généreux.
Jamais la rosée n'en perd une goutte de mémoire, jamais le vent n'en délaierait les filandres de l'aube.
Là s'en hume l'humus, s'en palpe les coings verts, encore s'en goûte les myrtilles, s'en ouissent les butines et s'en mirent les lucioles ...
Ici, chacun sait que toute hiérarchie condamne la diversité des essences de résilience, et que ce qui fait vie,
dans son authenticité et sa spontanéité abreuve la saine danse de la pleine mue ...
Je marcherai longtemps encore ... cueillant, doigts nus, et d'yeux en yeux, de menues gouttes de nues lèges, glanant, sur les joues fines,
quelques aveux d'orages, soufflant à pleines paumes les duvets d'oisillons agiles...
J'aime les fruits aux bords des lèvres ... Toujours un jardin s'y habite et s'orne d'ondes et tintines ...
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Le jardin-forêt de la laie des elfes accueille, en son petit théâtre, et ses coulées de verdures, des rencontres qui s'en veulent rompre
avec les cloisonnements dressés entre les arts, les sciences, les artisanats et la paysannerie,
tout autant avec les populations, et notamment la rurale.
On y parle la langue qui cherche à s'enrichir et se délecte autant des essences de la raison que des nues de la poèsie, des habiles tours de la pogne
ou des godilles vagabondes ... On y cause librement, car tout doit pouvoir être dit pour mieux s'en gorger de connaissances,
et autant mieux s'en immuniser des fourberies.
Rencontrer les autres, c'est, tout autant, être curieux de soi, de ce qu'on s'en empreinte, s'en accorde et s'en partage d'inattendu et de spontanné ...
s'en faire résonner les peaux et la caboche avec les tintines de l'onde absolue ... muser à des friselis d'ailes dans les flues indociles de vents .
Errer, flâner, rêver n'en sont rien de temps perdus, et s'en mènent à des perceptions sans cesse nouvelles qui, loin des maîtrises,
en apportent les agilités de l'esprit et les authenticités de l'onde sensorielle. Cueillir, glaner,
faire fruits et semer, les chairs ivres des branles du funambule qui s'émeut dans un ciel de foudres ! ...
On ne vainc que nus !