Les petits chemins cailloux
L'errant:
Pourquoi faut-il toujours qu'on s'en réduise ainsi à des petits bouts de soi ? ... N'en peut-on pas faire un être entier ?
A-t-on des mains pour n'en plus toucher la terre et ses humeurs généreuses ? ... des yeux pour n'en pas s'émerveiller de tout ... des pieds pour ainsi n'en point tourner en rond dans des enclos ? ... une caboche pour n'en pas fouiner dans les chahuts d'étoiles ?
N'en peut-on pas se laisser griser par les inconnues sans les en confiner en des formules ... jouir de ce qui nous échappe ? ... n'est-ce pas là ce qui nous donne soif et ivresse, ce qui va bien au delà de nous ?
Tout réduire à des chiffres comme si n'en comptait que ce qui s'en palpe ... la corne du cœur qui n'en bat plus des résonances des autres battements de vie ! ...
Viles bassesses que ces manières !
La faune:
Tu imagines ce que je peux faire avec mes cils, dit-elle, si les battements d'ailes d'un papillon peuvent en déclencher des ouragans à l'autre bout de l'océan ? ... puis elle en sourit aux nymphules ...
L'errant:
il se dit, par les terres où j'ai longuement erré, que le pays s'en fait du paysan, des bocages et des paysages qu'il façonne ... des forêts qu'il ne saccage pas, des fleuves qu'il n'en détourne pas ... des murmures qu'il laisse sous les pierres et les fanes de vieux breuils ... de l'amour qu'il donna aux faunes, aux poètes et aux enfants ... N'en saurait-on mieux dire ?
Ce sont les paysans qui ont fait la langue ... Et la langue fleurit le goût, n'est-il pas vrai ?
La faune:
Elle avait dit ... Mais ce n'est pas moi qui suis malade, nom d'un elfe ... c'est tout le reste qui n'en est franchement pas bien fameux ! ...
Puis elle en décocha des yeux fendus d'étoiles ...
L'errant:
Ils n'en savaient pas lire, dit-on.. mais ils ont fait des mondes, et puis des langues, autant ces autres gueux, dites-vous, que sont les gens de l'œuvre ...
Les ouvriers, oui ... vous avez oublié qui ils étaient ! ... ils savaient pourtant, eux, en lire ciels et forêts, ruisseaux et mousses, galets et humus ... et puis tant les yeux, les minois ou les mains des petites gens d'ici ou de là, les courbes et les concordances, les vibrances de la pierre ...
Qui sait encore en frémir des friselis de peaux, de nos jours ?
La faune:
Elle avait enfreint ses silences ... j'ai mal aux ailes, ce soir ... çà bousille nos plumes toutes ces clotures, bougonna-t-elle ! ...
L'errant:
J'ai roulé mes godilles sur bien des petits chemins cailloux, pieds nus au travers mares et flaques, parfois même jusqu'à n'en plus sentir mes trottignolles ... bu aux même ruisseaux que faons, biches et cerfs, aux même fontaines qu'elfes et fées, que libellules et mésanges ... butiné aux même ombelles, muées à chaque passage de bouche, que bien des petits êtres épatants.
C'est là qu'on s'en fait tout de soi ! en les flânes des laies buissonnières ...
On y mange le pain suave aux tables des gens de si peu, les baies de mai, les petits fruits de juin, ou les chanterelles fraîches des lisières furtives ...
C'est beaucoup de poésie par là où nul n'en est passé... on y coudoye les petits mondes fourmillants de brasilles ... il faut savoir aller fourrer ses peaux là où rien n'est écrit encore ... là où la vie s'en gazouille !
La faune:
je suis peut-être folle, dit-elle ... mais vous êtes dangereusement trop sérieux de l'en croire !
L'errant:
... Il ne s'en dit plus rien, par les cités ! ...
On n'y conte plus les sourires de gosses, le petit vol des agiles sitelles dans les beaux soirs de juillet ... oubliées les limbes de blés dans les fumets du crépuscule.
On n'y danse plus même ... les rires ne s'en mêlent plus ... les vins ne s'en offrent plus guerre aux tables de l'amitié .
C'est pourtant tant de vestiges quand fulgurent les lues du soir, par les charmilles et les haies ...
N'y peut-on pas remettre un peu de grâce dans tout ça ? ... un tant peu de grains aux anges pour que s'en reviennent les histoires d'ailes ... un peu de gouttes d'yeux sur les joues pour qu'en renaissent les évols de l'Aéther ...
Il n'est plus ni pudeur, ni franche volupté, tout est là bien lacé, langé dans les convenances cotonneuses ... les langues se taillent dans les bois de commodités et les mots meurent sans même fendre lèvres ...
La faune:
Tu passas là, cent pas de moi ...
Et je savais déjà,
Petits sangs de bohèmes,
Qui tu étais !
Pas même un son de plume,
Ni même un frisson d'ailes,
A peine une note élisée ...
Qu'importe furent ces murs,
Ces claies d'ombres portées ...
Déjà le monde fissurait !
L'errant:
Connaissez-vous la poésie ? ... non celle des écrits et gens de lettres, mais celle qui s'en bruisselle en tout fond de vous? ... Savez-vous seulement de quelle essence êtes-vous faits ? ... on passerai vite à côté de sa vie à n'être qu'un bout de soi ... à n'en pas savoir toute l'envergure qu'on peut en prendre.
Laisser tinter en soi la petite musique qui fait dérailler ses habitus, et le petit air sérieux qui nous empêtre bien trop souvent dans les mailles de nos petites peurs ... On ne s'en déloge jamais assez de soi.
La faune:
Je crois qu'ils n'ont pas bien compris nos rêves ... dit-elle en y bandant sa fronde ! ...
L'errant:
Et les poètes ?
Connaissez-vous les bondilleurs d'ondes ?
Pas nus, cloche-guenilles, et les yeux grands hirsutes,
Ils ont laissé aux vents de quoi nourrir vos rêves ...
Ils s'en sont morts d'amour,
Dans les manques d'un soir ...
Sous vos oreillers chauds ont laissé des comètes ...
La faune:
Il nous emmerde avec leur culture, murmura-elle ... ils n'en savent pas même faire fleurir un printemps ...
L'errant:
Plus rien ne s'en dit plus, depuis longtemps déjà, rien ne fut qui fut feu, rien qui ne sut embraser les sangs, les peaux, les rêves, les atomes ... les langues dégoulinaient des poisons de bois morts, les lèvres balbutiaient des ritournelles mièvres ... les doigts n'en étaient plus effleurs des corolles candies, l'hume s'en plut aller aux derniers chants de cygnes ... même les yeux n'en battaient plus aux souffles d'une enfance ... On avait hampé haut les petits égos tristes qui n'en firent plus que breloques bringuebalantes en des ciels de foutaises ... plus rien n'en sut ciller, plus rien ne m'en émut ... et les masques s'en tombaient, à un à un, dans les fanges nauséeuses où croupissaient les derniers vestiges de leurs faces flasques et roides ...
Les lucioles choyaient, une à une, des ombelles ...
La faune:
Demain j'en fais des bulles, balbutia-t-elle ... c'est écrit dans ma boule ! ...
L'errant:
Figer ainsi les mots ! ... n'est-ce pas là renoncer aux souffles des résonances ? ... la langue n'en saurait se complaire dans les closes nébules des boutiquiers du verbe ? ...
Une langue qui ne s'étoffe pas, chaque jour, des échos des imaginaires est la langue d'un peuple servile ...
La pensée fertile appelle à nommer encore toujours davantage ... N'en est-il pas ?
La faune:
Ceux qui ne t'en blessent pas te mentent ... toujourd la vérité déloge !
Tout tremble, la terre gronde, et le soleil appelle ...
Ou nous saurons danser... ou tout ira aux fleuves !
L'errant:
Jamais n'en meurt,
L'enfant des luis d'étoiles,
Blessures d'ailes, Hurles des vents,
Ciels de sangs dans les caniveaux,
Vous ai-je tant blessés ? ...
Je viens des ombres que vous avez laissées sur un bout de trottoir.
La faune:
Peut-on aimer sans le généreux élan de s'en donner entier ? ... à l'instant même des embrasements !
L'errant:
Une langue, ça chante ... on y cueille fruits et bouquets ... On y hume les plues de coquelicots dans les effloraisons de l'aube ... On y fait tambouriner les peaux sous les timbres de voix léges ... Foutre ces boucans de machines infernales et ces cités coupées des terres, des faunes, des essences et de ce qui en nourrit les sens.
L'époque manque cruellement de cran !!!
La faune:
Ni poisons, ni enclos ... nous voulons détendre nos ailes ...
L'errant:
La révolution, ce n'est pas d'en changer les bougies des lustres de salles de bal, mais d'en recouvrer un champ de vision à la portée et la splendeur du soleil: généreux, puissant, universel, et offert à tous ... sans qu'aucun ne soit oublié !
Ce que nous n'oserons en paix s'en fera par la violente résurgence de dénis.
La faune:
On reconnaît toujours le rêveur à ce qu'il ne s'en laisse jamais abusé de la réalité.
L'errant:
N'est-il pas beau d'en voir tout en suspens ? ... flotter les baumes d'orges blonds dans les nuées de pailles d'août ... voltiger folles libelulles sur les flots sages des marais ... Lorsque s'en pressentent les chants océans que le fleuve amène un peu jusqu'aux tréfonds des terres ...
Elle est où la beauté ? ... On n'y est plus là !
Et c'est quoi ces façons d'y regarder les choses comme si elle étaient figées ?
Est-ce là un monde à souffler aux enfants qu'on en fait là?
La faune:
Elle fustigea ... tout est tant clos ... et tout est là, qui bruisse derrière, pourtant ... il n'est plus qu'à sourire ... Tiens,passes-moi la pince ! ...
L'errant:
J'ai foulé tant les herbes, les petits ruisseaux de partout ... fut-ce seulement moi ?... n'en ai-je rien des autres en fonds de mes sangs ? ... que sont les rayons de lune qui en ont bruni ma peau des soirs de juin, les petits feux d'automne au bord des criques ou des dunes ?
N'en est-il pas trace en moi qui ne m'en tienne debout?
La faune:
Ils ont daubé le feu, délogé les étoiles,
Enfreint les peaux candies des indociles muses,
Ils ont souillé les terres, profané l'eau des nymphes,
Ecorché les sourires des elfes ingénieux ...
ils ont pendu nos rêves aux croix de la foutaise,
Etouffé l'onde agile où nos lèvres nuaient,
Ils ont gagé nos vies sur l'autel de leurs bas,
Etrillé l'oeuvre humaine à la foire aux pouilleries ...
Ils ont saigné la langue, ficelé mille bouches,
Barbelisé nos voix dans les camps de la coulpe,
Ils ont tari la mine où le verbe fut fleurs,
Muselé la gamine aux yeux de barbotine ...
Ils ont lardé les joues, équarri les nues chaudes,
Claquemuré les sangs en des flues nébuleuses,
Ils ont mué le temps en des courses insanes,
Délogé la pudeur des sages ballerines.
Ils ont, dans les chlorures, noyé la poèsie,
Mareyé les silences jusqu'aux pimpantes cordes,
Ils ont frappé les veines du matricule des couards,
Chargé les aiguillons d'orviétans et d'injures ...
Ils ont vendu le jour aux boutiquiers des cloîtres,
Gangrené les cités de luées bouillassières,
ils ont balisé l'ombre, jugulé les errances
Apposé des horloges au front de leurs bâtisses ...
Ils ont miné les nues, falsifié les orages,
Mué les pluies en plombs, marmelisé les sols,
Ils ont tanné les cœurs, garotté les caboches,
Tailladé le génie, éviscéré le don ...
Ils ont feint les récits, raturé la raison,
Mémoires attentées, disséqué la beauté,
Ils ont criblé les souffles, de machineries folles,
Frappé la volupté du fer des impostures ...
L'errant:
Des mots laissés, dedans les rêves, entrelacs de chairs et de nues...
Faire confluence des enfances qui floconnent en chacun de nous...
Aimer grand, comme un ciel de frondes...
La faune:
Et puis, on s'en fout, dit - elle ! ... on va tout refaire comme c'était pas avant ! ... on bricolera des trucs, des machins et des bidules ... avec des bouts d' bazars !
L'errant:
J’habite là,
D'un peu d’étoiles,
Fonds d'yeux fourrés d'orages,
Goutte de lune,
Essaims de sangs,
J’habite un rêve,
Et m'en nourris,
De nues en nébuleuses,
Des empreintes du vent...
De moi n'en sont que pas
Oubliés d'une danse...
La faune:
Crois-tu que les gens ont vraiment compris que la fête était terminée, dit-elle ... qu'il faudra désormais nous en émerveiller de nous ... chaque jour ! ...
L'errant:
C'est au pied des arc-en ciel que je pose ma paillasse ! ... Là est le souffle qui nous unit !
La faune:
A quoi bon tous ces murs, ces enclos, ces frontières ? Les enfants, les justes et les poètes n'ont pas de bannière ... leurs sangs résonnent encore avec ceux des enfants, des justes et des poètes des sols du monde entier ... Ils savent que les bannières les en désunissent, que l'ennemi, partout, c'est ce qui étouffe leurs sens et leurs essences, leurs génies et leurs imaginations.
Et ce sont les enfants, les justes et les poètes qui en sont toujours condamnés à en faire souffre-douleurs d'un monde corrompu et incapable d'en avouer ses démences ! ... ici, ou ailleurs ! ...
Qu'on en meure de bombes, de bâillons ou de poisons, de chagrins ou de ne pouvoir en être soi, qu'importe, on meurt toujours des avarices de petits mesquins qui s'en croient toujours tout dû ! ...
Les oiseaux reviendront s'en boire au cabaret des cardes ... Les justes en retendront les rêves, et les enfants s'en rejoueront dans les flaques de pluies, ici ou ailleurs. La poèsie, c'est toujours ce qui reste après les grands orages ! ...
L'errant:
Des ailleurs, J'en ai vu les jardins vrais ... petits mondes gorgés de lumières, de couleurs, de trembles et d'ombres lutines ... Tout à l'instant s'étiole et renait de partout .
La faune:
Ils empilent les mots doux mais ... ça n'en fait foutre pas tendresse, tout ça, assura-t-elle !
Brandir la bienveillance, même l'amour! ... il est tout un vocabulaire et les dandines qui vont avec pour que celà sonne juste, n'est-il pas ? ...
Ca se voit bien que ça breloque leurs piailleries ! ...
L'errant:
Une cabane dans les bois ... on n'y peut plus ! ... tout est défendu ! ... au nom d'on ne sait quoi ... et ils veulent sauver les forêts du bout du monde, niant lamentablement celles qu'ils ont rasées pour ériger leurs temples et leurs cités !
Plus même la place pour un peu de mémoire en leur encéphale ... tant que l'escarcelle clique !
La faune:
Elle s'en déblaya la bouche ... Je suis l'évol, je suis l'étoile ... la bouillie des sangs indociles ...
... Je suis le vent, je suis la terre ... la tremble des sourires enfreints ...
Puis, elle s'en conta aux aiguails ... Nous irons, nus, aux bois ... l'aurore s'est déchirée dans le tumulte de nos rêves ... lambeaux de ciels pendus à nos paupières pelucheuses ...
Nos pas trébucherons, petits riens d'ondes frêles, dans les laies buissonnières ... mais que foutre, nous irons ... cueillir le baiser qui nous brase ... foutre, nous en irons ! ... à cloche pied, dans les rigoles...
Elle avait dit ... nous porterons l'oiseau des berlues vaporeuses, jusqu'aux rondes sans fin des indicibles flues ... nous dénouerons les croix de nos sangs muselés, nous langerons des nues sur nos joues fissurées ... que foutre, et tu viendras en croire en tes nébules, au fors de mes ailes filandreuses ... autant elle avait dit, à la caresse des ombelles...
Encore elle avait dit ... nous relirons la vie dans les ruisseaux du val où bondillent faons et nimbes ... Nous laisserons les fânes s'en bruire à vau les eaux, et nous effeuillerons la mémoire des elfes ... elle avait dit, encore, un peu ... que foutre leurs champs clos ! ... nous renaîtrons des breuils où bruissent les chants de bruyères ...
Elle en dit tant encore ... nous ferons fi des fourbes ... et nous irons, ivres de lunes, y danser nos folles fêlures ... fouler les herbes vives où les lutins s'en bullent en de voluptueuses voltes ... elle en dit tant encore ... et les lucioles font mémoires...
Elle avait dit ... Je suis le fleuve, je suis le faune ... le murmure des grises sauvages ...
... Je suis le feu, je suis la foudre ... La poudre, l'hyade, l'ouragan ...
Elle avait dit avec les yeux ... Et puis sont morts les papillons sur ses lèvres embaillonées ...
Elle avait voulu dire ! ...
L'errant:
Tant de bazars à ondes pour n'en dire que balivernes, et n'en faire que broutilles futiles ... trois papillons, trois mondes, trois bouilles bien remplies ... qui sait encore ce qui s'en effuse des nuées du printemps ... L'industrie tue, à petit feu, et jamais n'en génére de tendresse ...
Ceux qui font œuvre d'eux toujours imaginent, autant conçoivent, et accomplissent ... mais gens d'usine ? ... qu'en fait-on de leur génie ? ...
Des automates ! ... semant à l'infini l'insignifiance...
Savent-ils seulement encore ce qu'en sont les effleurs de lèvres, les caresses d'yeux chauds, les brandilles de la langue ?
Ne saurait-on l'en leur souffler le feu ...
La faune:
Chaque pas est un chant, l'onde à la terre offerte,
Chaque battement d'ailes, une lettre aux étoiles.
L'enfance est tout ce qui ne s'est pas encore arraché aux résonances du vivant.
L'errant:
On ne vibre plus assez ... On s'en fait pourtant de rencontres ...
N'arrimer rien à rien, laisser l'onde de vie ricocher d'yeux en yeux, de bouts de doigts en bouts de doigts, de fleurs de peaux en fleurs peaux !
N'en sait-on plus s'en donner tout entier, là , de suite, sans n'attendre rien de l'autre ?
... en est-il tant toujours un écueil ?
C'est ça l'espèce ?
Ca en manque foutrement d'envergure cette vie là ! ...
La faune:
Il s'en dit, balbutia-t-elle, qu'à l'autre bout de lune, en serait un autre, pas tout à fait moi, mais pas tant autre non plus ... qui m'en serait échos d'ondes ... J'aime à croire que les halos de lune puissent unir les êtres ...
L'errant:
Je pense bien avoir entendu sa flûte, oui ...
La faune:
En fit-il fluer sa voix ?
L'errant:
Un loup dansa dans le vieu breuil qui entendit ses chants, je crois !
La faune:
Je l'en ai revu au bas du ruiseau, l'autre soir, lapant des ciels sans fond jusqu'à n'en plus soif ! ... on l'avait traqué à mort ... les croyances passent les siécles sans encombre.
Les caboches s'en éclairent encore aux petites lanternes, elles ! ...
Il en fait papillonner la flûte, oui ...
Tant ! ...
Que les airs les plus âpres s'en orgent des agiles mues de l'aube.
L'errant:
N'y fut-on pas un peu branque d'en croire que tout celà finirait bien ? ...
Des battages de ferailles ...
Et pour en faire des bibelots pas même beaux ... des babioles pas même propices ! ...
On savait pourtant, tant y faire ! ... orner les jours des beautés de la chose ... l'écuelle de bois, Les fers à tisons, les poteries candies et les draps de lins doux ... les chaumières en avaient le charme des âtres.
Mais ces poisons, ces fumées, ce grabuge qui n'en finit plus de s'emballer ! ...
Et toutes ces maladies qui rongent les êtres ... Est-ce là le progrés que d'en mourir avant l'heure ?
La faune:
Ils ont mis des horloges, au front de leurs bourgades ... et le temps s'en est saigné les délices ...
L'errant:
On n'en a jamais fini avec la démence. N'en saurait-on s'immuniser ?
La faune:
Une pensée sans corps est une ballerine sans grâce ...
L'errant:
Prendre le temps d’en lire les yeux, de pas à pas, et d'ailes en ailes...
Faire confluence des enfances qui floconnent en chacun de nous...
Des mots laissés, dedans les rêves, entrelacs de chairs et de mues...
Lire les vents, lire les sangs...
Humer les évols de l'instant qui dénouent les brûles d'ombelles...
Juste l'effleur du temps qui onde, papillonnant à bout de bouches, en d’agiles rondes fiévreuses...
Aimer grand, comme un ciel de frondes ...
La faune:
On ne sait plus même mourir ... à quoi bon ces stèles ... la terre n'est-elle pas tant chaude pour nous en langer les os ... Bientôt en sera-t-il plus de caveaux que de bons hommes ... et ces humaines ondes qui n'en bondilleront plus !
L'errant:
J'ai retrouvé sa flûte, ce matin, je dois te dire ...
Dans le petit ruisseau du val fleuri ... .
Pas sûr qu'ils l'en mirent aux arrêts ... certes, la flûte ... mais la mélodie ! ...
Ca s'en effuse à tous vas les chants de muses !
La faune:
Ils n'en savent que faire taire ...
Noyer la beauté dans les petites peurs ...
... viles fourbes sans cœur ...
L'errant:
On n'en rend pas la justice avec des pisse-froids de la caboche,dans les cours à hautes pompes,et pas plus avec les mouches à diarrhées des marchands de rêves,dans l'écholalie des discordes égotiques...la justice s'en rend lorsque la caboche s'en bat au rythme d'un cœur affranchi de tout,sur les chemins buissonniers des jours sans nom...sans uniforme et sans bannière...l'humaine essence ne supporte pas la médiocrité des fastes et des castes...
La faune:
Eux aussi, peut-être cachent-ils des pays dans les plis de leurs paupières ?
L'errant:
Les pluies n'en sont plus tant légères ... les consciences pas plus !
Les bouilles sont bien lasses et chacune s'en pèse le poids des morts !
La faune:
D'où viens-tu ?
L'errant:
Probable qu j'en vienne des chues élementaires ... peut-être d'un fracas d'étoiles échoué , qui le saurait ? ...
Les savants n'en savent plus à toujours vouloir décortiquer et équarrir les pouls de tout ...
Je sais que j'ai pissé au dernier embranchement des chemins .
La faune:
Tu n'es donc pas le grand frère des elfes ?
L'errant:
J'en fait danse à leurs ribotes ! ... mais n'en suis pas de leur sang! ...
La faune:
Je voulais m'en faire la factrice d'escampette lorsque j'étais gosse, sais-tu ? ... glissser des sourires rutilants sous le bas de porte des chaumières ... cogner la clenche ... puis, courrir jusqu'à n'en plus souffle ... bien loin de là !
Qu'importe qu'on l'y voit, on laisse toujours des notes de soi, là où on passe.
L'errant:
Qui sait encore jouîr de l'immanance n'en manque jamais d'envergure.
Se détacher de ses rêves les en fait plus encore pimpants !
La faune:
Nous sommes des rêves ... avec du sang dedans ! ... assure-t-elle.
L'errant:
Des branles d'élisions sur un brin d'étamine.
La faune:
C'est quoi la fréquence des rires d'enfants ? ...
... Sûre que personne n'en sait plus rien de tout ça ! ... pas même de celui qui l'est en lui
... Il n'en captent plus rien, là, avec tous ces mitailles d'ondes dévoyées !
L'errant:
On y laisse tant de mues de peaux sur les bords des layons, et on s'y oublie si voluptueusement dans les petits riens d'un bris de bulles... plus que des flocons d'échos lents dans les doux airs de soirs laineux.
Ils n'en savent plus y voir les oiseaux morts au pied des clotures qu'ils érigent ... tout celà les dérange bien trop désormais...
Combien m'en suis-je empreint des autres... qu'en aurais-je effusé qui put nourrir le monde ? ... suis-je seulement moi ? ... peut-être un chant d'oiseau qui n'en finit pas de s'ébrouer en de voluptueuses nébules.
La faune:
Ca souffle, lacha-t-elle ... on y entend tout qui bruisse follement ...
Il est des essences étranges dans les fonds de forêts ... Elle est tant grande, là où le brâme en ébranle cimes et ciels ...
Cathédrale de vents venus des quatres pôles des grâces.
J'en ai les chairs filandreuses !
On est si peu ... et tant ! ... les larmes logent la mémoire des solstices.
Les imaginaires ont failli, les joues n'en portent plus les ridules brasillantes des évols.
L'errant:
Dans les ébullements de l'immense nature, on ne saurait frauder... ici,tout tréssaille spontanément pour qu'en soit sauve l'harmonie des variances et des nuances ... pas de temple, pas d'édit, pas de culte, pas de prêche, mais le juste partage de ce qui en fait vie et résonance ... l'essor des chants de résiliences ... on y entend mieux que les hommes lâches la fuient, la dénient, l'abandonnent, la maltraitent ou la détruisent ...
Lâches vous dis-je !
La faune:
Il faut vraiment rien avoir à cultiver en soi pour vouloir consacrer son temps à s'occuper de la vie des autres ...
Les entre deux eaux n'en ont jamais eu, ni l'ivresse des profondeurs, ni les voluptés de l'onde ...
J'aime la fulgurance des cométes !
L'errant:
il n'est pas de tendresse là où la violence du monde ne s'en est pas régurgitée ...
Il faut s'en faire lège ...
Comme la bulle agile qui naît des dernières gouttes de l'orage ...
La faune:
J'effeuillais les yeux d'un vieu sylphe, l'autre soir ... il s'y en est chu tant d'univers ... Pas même il n'a senti ... dèjà d'autres nébules radieuses habitaient ses yeux quiets ...
Jamais n'est pauvre qui s'en fait fait créateur !
L'errant:
On ne saurait voyager avec leurs carrioles à pétrole ... on n'y sent pas la terre, ni les ébats de mues ... on y passerait à côté de tout !
Ca ressemble à rien ! ...
Savoir divaguer ... voilà qui nous en fait l'audace de s'en émoustiller de tout !
La faune:
Butiner aux fil des humances, les petits rien de volcans d'orgues , de bourgs en breuils, habillé des chants de merveilles ... s'empreindre des foisonnements qui en trémulent chaque canton de terre ... la ville va lamentablement tenter de ressembler à une forêt, et leurs impostures l'en laieront à l'horizon qu'elle ne saurait offrir...
Nos gênes n'ont pas tant muté que leur culture, n'est-ce pas ?
L'errant:
Il est tant d'agiles sylphes pour lanterner nos marches ... Ci en éclot la vie à plus d'étoilements, où tout s'en fait fortuit ! ... charmilles humusées, vapes folles des bois de frênes ... la caboche en pétard, les peaux ébourriffées de tant de frolements !
Tout est lié, tout résonne ... qui ne l'en sait s'y ferait fou !
La faune:
Tout était faux ... n'en brasillent plus que brandons et vieilles souches ... Ne s'en fleurent que cendres !
L'errant:
On y cueille l'airelle, la myrtille et l'oronge ... affusion de limbes follettes ... n'est-ce pas cela qui nous immunise de tout ?
Qu'est-ce un sang qui ne s'abreuve pas des beautés du monde, si ce n'est dénigrement de soi ?
Foutaises d'apothiquaires ces aiguillons chargé de lies ...
La faune:
Là s'ouvrent les champs infinis de l'onde amoureuse...
Il faut faire ample!... Ouvrir toujours !
Déloger les prêcheurs d'enclos et les maîtres de castrations, les débusquer de leurs mornes tanières obscures, pour les en révéler au grand jour... Point ne les en combattre, mais les bouter en leurs derniers retranchements, jusqu' à s'en mettre nus ... Tant nus que nous ! ... Là, commence les vastes étendues de l'humaine essence ...
Aimer, c'est toujours nourrir de franchises ... à pleines peaux ...
L'errant:
Ainsi s'en dépouille-t-on des gruges ... marcher ... chaque effleur est fécond ... La nuit voltige les étoiles à fleur les fêles de coquelicots ... y brode les instants où tout n'en fait plus qu' étreintes ... infinies !
N'être pas plus que luis furtifs, et nous en voilà vastes champs des évols.
La faune:
Il faut du souffle pour aimer ... tant pour en nourrir son essence ... nos cellules en boivent à la source ! ...
L'errant:
Il y avait rêves et fruits, feux et sources pour tous ! ... s'en murmurait en nos sangs les étincelles de vieux soleils ... trémules des regards ivres des fonds de foudres ... et on savait y reconnaître les humes du printemps, les vertiges de l'orge, les brasilles de l'aiguail ...
... Il s'y donnait danses des elfes, jusqu'aux enchantements des nages ... folles allures d'incants aux peaux époustoufflées.
... Etions, des terres, imbibés.
Foutre ! ...
Il a fallu que tout en soit donné aux marchands de bouillasses et de cendres !
Fumées, vous dis-je, toutes ces pâles griseries d'escarcelles ! ... tout s'en est fait fumé !
La faune:
J'en suis toute pleine de fêles, résouffla-t-elle ... Je n'en sais plus même si ça en sont mes yeux qui couvent mes rêves ! ...
Il leur en reste toujours un peu de mensonges sur la bouche ...
L'errant:
Les marées savent ... les fréquences de nos atomes ...
La dernière vague est là pour nous rappeler.
Les lunes s'effeuillent, petits pétales candis dans les chahuts de nos prunelles.
On s'y fit enfants de la balle ... habilement voués...
Nous sommes funambules aux pas grisés de grondes.
La faune:
Ca les ronge ces marmonnements d'ailes qui craquèlent en leurs entrailles ... c'est ça leur maladie ... le rythme en eux n'en est plus leur.
Nous sommes-nous bondilles d'ondes ... à peine humées, sitôt filées !
De petits alchimistes aux jongles vaporeuses ...
L'errant:
Tout s'en ouvre toujours en saignant les silences, puis on en équarrit les mots ... s'en suivent les cortèges d'impostures ...
ils n'ont pas la mémoire des arbres, qu'ils voudraient nous en muer l'aile ...
Mais les voyageurs ont le pas lège et les prunelles en bataille ...
La faune:
Il faut toujours qu'ils conquièrent, fustigea-t-elle ... ne peuvent-ils pas seulement s'enchanter ?
Vienne mai, muguets et alouettes ! ... Nos murmures sont écrits dans les sangs des violettes ...
L'errant:
J' ai refait le chemin,
Qui m'en tintait de vents en rêves ...
M'en suis laissé de çà
Et là, un peu d' yeux et de joues...
Je reviendrai demain
Dans les luées de l'aube ...
Des aiguails plein les mires ! ...
La faune:
Encore elle confia:
J'ai appris à me soigner ... de moi ... aussi des autres ... de tous ces échos chargés de menaces ... de ces nœuds qu'en brode en nous la civilisation et ses cultures corrompues ... et qui en roidissent les carnes.
Là où bululle la fleur des sens , toujours rôdent les chants pervers.
Il n'en faut rester là où ça n'en coule pas fluide ...
On y créverait !
L'errant:
J'ai l'âge des pierres ... mes larmes n'en sont que suints des nues ... et dans la musette j'en ai quelques fruits que fées m'en ont glanés ... Les plumes d'un vieu corbeau que le temps emporta ... les gouttes encore fraîches des sangs rompus de muses maladives ...
j'y ai laissé les feuillets là où il fut bon écrire.
On s'encombre trop !
La faune:
Toutes ces mornes machines ont tué les imaginaires et tant le génie qui fut en eux.
Ils n'en savent plus même penser autre qu'avec des mots qui n'en sont plus les leurs ...
Des histoires de croquemitaine, c'est ça qu'ils ont a enseigner à leurs gosses ?
Boucan de civilisation qui étouffe les chants de tout ce qui veut vivre ! ...
Des nœuds de poisons jusqu'au fond des veines !
N'en peut-on pas croire les places communes se repeupler des fêtes plutôt qu'en foutre ces mâts d'ondes cyniques !
L'errant:
On y a bien caché les mendiants ... ça même on ne sait plus voir ... on y fait taire les pauvres avec des petits bouts de pain ! ... tant bien d'autres ... avec du pain meilleur ... avec pastiches et emprunts ... on y vend des licols à foison !
La faune:
Ils veulent faire des barricades au bourg, ils n'ont pas même un potager pour tenir un siège, les cons ! ... mais ils ont des esgourdes de cinquième génération, ressauta-t-elle ? .. je les ai vu par la petite lucarne des caves, ils ont pas belle mine, dis-moi !
Je te fais la courte échelle, si tu veux voir au delà de leurs ombres ...
L'errant:
J'ai trop aimé ! ... pas tant, peut-être ... je ne sais plus ! ...
Il faut se donner, toujours ...
Et même si ... ça laisse des traces quand ça trébuche !
Il faut se donner pourtant ...
N'en pas faire résonner les maux de nos passés dans les promesses de nouvelles danses ...
Laisser toujours en soi de quoi s'empreindre des chants de l'aube ...
La faune:
L'espèce est pas bien fameuse, dis-mois ... c'est pas tant connecté là où il faut !
L'imagination qui ne s'en délivre pas, en croupit comme un poison fallacieux ...
L'errant:
Le premier temps d'une danse est toujours un effleur de cométes.
La faune:
Ils tiennent le grand chaos pour folie ... comme si tout était à la mesure de leur caboche !
Mais Ils n'en peuvent rien ! ... j'ai en moi les forces de la terre et il en faudra pour me déloger de là .
L'errant:
Ils dézinguent tout ... et ils appellent ça travail ... vais t'en foutre!
Le labeur est un enclos bien trop réduit pour en nourrir nos génies ...
Le génie n'en éclos que là où tout s'en donne à résonner ... dans l'infinité des essors ...
La faune:
Ils empilement les mots doux mais ça n'en fait foutre pas la tendresse, tout ça, argua-t-elle !
Nous en babiller la bienveillance et l'amour ... c'est tout un champ de mots et les dandines qui vont avec, ne crois-tu pas ? ... ça se voit que ça breloque ! ...
L'errant:
J'épuise, m'en fais jeu,
De la balle et de l' eau ...
Le feu, la pierre, les voltiges,
Violettes et coquelicots,
De monde, me fous, j'ai printemps,
Crache ce qui n'en vibre pas ! ...
La faune:
L'humanité est faite pour ouvrir les bras ... pas pour porter des bannières !
L'errant:
Qui sait la terre connaît la vie, la lumière, toujours, rejaillit quelquepart ...
Ca n'est pas quand le fruit est pourri qu'il faille s'inquiéter
La faune:
C'en est tant de violences ces cousus de dénis qu'ils en ont sur la bouche, dis donc ... lacha-t-elle ! ... ça t'en tue le bonhomme en y laissant sembler que le corps y est encore bien en vie, lors même qu'on l'en muséle les pouls.
Puis, elle souffla sur ses mèches, d'une lèvre lutine ... je n'en sais plus qui d'yeux ou de cieux m'en branle-bulle de la caboche ...
L'errant:
Ils jactent d'en changer le monde ... leurs joues sont des linceuls de sourires livides ... leurs prunelles n'en portent pas même la limbe d'astérides ... La bouche en est filée des convenances lâches ... Le cœur en est gorgé de baumes corrompus ... Niais empreints de fards fleuves, décortiqueurs d'étoiles ... leurs chants n'en portent plus que le sang des misères ...
La faune:
C'est bien fourbe leur histoire de tiote bête qui saute partout, marmonna-t-elle ... j'en serais passée pour la cloche d'en laisser croire çà, moi ! ...
L'errant:
Ca parle trop !
Ce qui vaut n'est pas que tout le monde dise ... il faut que tout soit dit ...
La faune:
L'eau de la fontaine couve la mémoire des voyageurs, allégua-t-elle ... ils ont vu, et savent ... ils essaimeront !
Le mutisme n'est pas un silence comme les autres ...
Et le silence n'est beau que de ce qu'il en couve de danses ...
L'errant:
Les cités sont rigides ! ... si peu de courbes et les sens réduits à si peu ! ... béton, pétrole, bitume, fumées ... des murailles d'ombres et chemins tracés, droits comme les convenances ...
Est-ce là un lieu pour s'en épanouïr ?
Les bannières chaperonnent un monde de clotures et d'ilotismes ...
Nous serons de ceux là qui défont les nœuds d'yeux ...
La faune:
Seule l'imprudence des imaginations mène à l'authenticité des envols ...
Elle s'était lue comme une ombelle, hurlant dans un ciel d'avalanches ...
L'errant:
On emmène reflets de tout ce qu'on s'en abouche ... avouons !
Il faut avoir le bourrichon bien agile et le flair des plus éthérés pour s'en faire vagabond ...
N'en est-il pas l'inteligence ainsi faite ?
La faune:
Le don de s'en dépouiller, réssuffla-t-elle ... n'en trimbaler que la transparence des vapeurs ...
Le silence organique des étoiles, tout au plus ! ...
L'errant:
Foutre ce jour, les oiseaux ont encore pris du plomb dans l'aile ... des volées de bois qui mirent leurs nids à bas. Ces machines encore !
Les petits friquets s'en donnent aux piailleries du printemps ... il faut nourrir ses sens, toujours, pour ne pas en laisser ses peaux s'encroûter ... La matière est mensonge !
On vit de fadaises, par ces temps, avec tous ces machinphones à parler plus haut, plus fort et plus souvent que les autres ...
Moins ils ont à dire, et plus ils dégoisent ! ... on n'y saurait mieux diluer les essences ...
Mais qui sait encore, à peine cueillis, les lèges fulminances de fruits gorgés de jus , le vent sur les tétons fulgurer des évols ... la vagile prouesse des pieds nus dans les flaques frétiller ! ... s'en muser de terres et d'eaux ... n'en est-ce pas là l'essence commune ?
La faune:
J'ai compté les gouttes de pluie sur les feuilles, cet apès-midi ... y'en avait presque autant que j'en ai de fêles, s'étonna-t-elle... lutina-t-elle.
je me suis arrêtée à trois ... au delà je barbote ! peut-être est-ce là qu'en nait la poésie.
L'errant:
Déloger les sourires qui croupissent en fonds de gorges !
N'en est-on pas fouineurs des âmes ?
Faire tendresse de ses hurles et recouvrer les adresses des gens d'œuvres ...
Les petits tours de mains, batteleurs et jongleurs, funambules ou gueux ... petits alchimistes traficoteurs de plumes ...
J'aime ce qui m'échappe, et m'en rappelle n'en être que simple note de la mélodie ...
La faune:
Qui s'en plait des trembles de l'univers, jamais n'en trébuchera ...
Ca n'est écrit nulle part ... mais chacun sait en fond de lui ! ...
Ni ne bande, ni ne mouille sans porter en lui l'indiscible !
A quoi bon les écoles ? ... n'est-il pas mille façon d'apprendre ?
L'errant:
A chaque pas m'en effeuille de moi ... autant m'en lange de mille essaims ...
C'est que pas fleurent l'imprévu ...
La faune:
Ca doit pas être bien joli dans leur caboche ... ceux qui font dissonance ... chevrota-t-elle !
je t'en dis même pas de ceux qui s'en font des nœuds ! ...
il va nous rester quoi de l'epèce ?
N'en sommes-nous pas le rythme des danses telluriennes ? ... généreux à n'en plus avoir crainte de tout donner, ni d'en manquer d'être , tant on crée plus encore chaque jour !
L'errant:
la nature n'est pas tant docile que les plumes et les encres des papelardiers ...
Tout en ses antres résiste ... sûre des symbioses fulgurantes !
Tout y fait danse ... nuées de feu, jaillissements d'eau, déferles d'air, trembles de terre ... des éclosions à plus de vue ...
Ni n'en ourdirait manigances, ni n'en ploierait sous les manœuvres: il s'en serait fait de lui ! ...
La faune:
Seule l'imprudence de l'imagination mène à l'authenticité des envols ... balbutia-t-elle.
Si le silence oublie, la poésie crachera son sang ...
Elle s'en posa la mine sur les flots ... j'aime ces yeux,lorsque l'un dit ce que l'autre n'ose ...
L'errant:
Un monde en partage se fout bien des mots des camelots... ce qui est généreux se fout bien des marchés ...
Tissser des histoires d'yeux en yeux et de bouches en bouches ... de mains en mains, de peaux en peaux ... comme des ricoches d' étincelles infinies ... n'en est-il pas là notre nature ?
La faune:
Mais de quelle réalité me parlent-ils, balança-t-elle ? ... de leur petit monde putride, ou de mes rêves? ...
L'errant:
Il n'en est pas tout écrit dans les parchemins de l'histoire, on les y évente tant bien ...
Tout s'en est pourtant bien empreint, dans les eaux vives de nos mémoires ... n'est-il pas ? ...
La faune:
Vous avez perdu l'onde ...
S'en sont tus les oiseaux, violettes, coquelicots, vous avez bâillonné les gosses, enfreint la poèsie, banni ceux dont les rêves, en nues, muaient l'éther ... vous avez criblé les printemps de vos sournoises apathies, passeporté les êtres à l'autre bout de vos mépris.
Tout était faux, vous avez cru, bouffés de veules certitudes ...
Ne vous en plaise, nos blessures ! ... tout en nous renaîtra plus ivre encore d'immanences ... Vous avez oublié que nos pas en font traces, et que masses s'enlisent, oublié que vos bouches trahissent ce qu'elles disent, que nos sangs flairent vos langues fourbes ... vous avez oublié que tout en nous tintine à plus d'effleurs de peaux ... qu'on n'en badine avec les flux.
Vous avez perdu l'onde ... et nous en crûtes fous !
Qui êtes-vous, de quoi êtes l'essence ?... ... vous avez chanté pouilles aux sages, souillé les nudités, vous avez injurié la nue, falsifié nos silences, fardé nos mots de vos manies, mangé dans la main des tyrans ... l'univers en nous vibre, nous sommes l'authentique , le synchrone et le juste, vous avez oublié ! ...
Vous avez perdu l'onde, et vous voilà à nu ...
Chues vos belles ombelles, vos allures de ciels ... vous avez profané le feu, cinglé le pouls des terres, floué la commune organique, éteint les chants de l'unisson ... n'en feulent plus vos voix sauvages, de quoi êtes-vous généreux ? ... êtes-vous encore humusés ?
La blessure est profonde, vous avez perdu l'onde ...
Nous ne haïrons pas !
La permaculture ne saurait nous étourdir dans un petit monde clos, tant soit-il enchanteur et paisible ... Des voyages ! ... nus pieds, car on ne saurait savourer et comprendre autrement ... des rencontres, avec ceux de pays profonds, leurs contes, leurs mémoires, et les traces de leurs aïeux ... chemins et laies faisant.
La pierre, le bois, le fer, aussi la terre, l'eau, le feu et l'air ... des forêts, des ruisseaux, faunes et fanes, de villages en hameaux, de vaux en breuils, et de bouches en bouches ... des rêves partagés et coulés dans la même gamelle, la même fontaine, ou la même bolée, autour d'un brasillant de bois ... qu'importent les godilles, qu'en furent les écoles ! ... les sourires sont de mêmes rondes.
C'est une vie qu'on sème en un jardin, et autant celles de ceux qui l'ont nourri ... On ne saurait y frauder, pas plus y mystifier ... comme on ne saurait flouer le temps bien longtemps ... les frêles friselis du vivant veillent aux concordes et résonances ...
Ce qui ose vivre s'en est toujours plus fort que la médiocrité: prospérant, propageant, et, finalement, engloutissant tout ce qui voudrait l'en dissuader d'être généreux.
Jamais la rosée n'en perd une goutte de mémoire, jamais le vent n'en délaierait les filandres de l'aube.
Là s'en hume l'humus, s'en palpe les coings verts, encore s'en goûte les myrtilles, s'en ouissent les butines et s'en mirent les lucioles ...
Ici, chacun sait que toute hiérarchie condamne la diversité des essences de résilience, et que ce qui fait vie, dans son authenticité et sa spontanéité abreuve la saine danse de la pleine mue ...
Je marcherai longtemps encore ... cueillant, doigts nus, et d'yeux en yeux, de menues gouttes de nues lèges, glanant, sur les joues fines, quelques aveux d'orages, soufflant à pleines paumes les duvets d'oisillons agiles...
J'aime les fruits aux bords des lèvres ... Toujours un jardin s'y habite et s'orne d'ondes et tintines ...
La permaculture ne saurait nous étourdir dans un petit monde clos, tant soit-il enchanteur et paisible ... Des voyages ! ... nus pieds,
car on ne saurait savourer et comprendre autrement ... des rencontres, avec ceux de pays profonds, leurs contes, leurs mémoires, et les traces de leurs aïeux ...
chemins et laies faisant.
La pierre, le bois, le fer, aussi la terre, l'eau, le feu et l'air ... des forêts, des ruisseaux, faunes et fanes, de villages en hameaux, de vaux en breuils,
et de bouches en bouches ... des rêves partagés et coulés dans la même gamelle, la même fontaine, ou la même bolée, autour d'un brasillant de bois ...
qu'importent les godilles, qu'en furent les écoles ! ... les sourires sont de mêmes rondes.
C'est une vie qu'on sème en un jardin, et autant celles de ceux qui l'ont nourri ... On ne saurait y frauder, pas plus y mystifier ...
comme on ne saurait flouer le temps bien longtemps ... les frêles friselis du vivant veillent aux concordes et résonances ...
Ce qui ose vivre s'en est toujours plus fort que la médiocrité: prospérant, propageant, et, finalement, engloutissant
tout ce qui voudrait l'en dissuader d'être généreux.
Jamais la rosée n'en perd une goutte de mémoire, jamais le vent n'en délaierait les filandres de l'aube.
Là s'en hume l'humus, s'en palpe les coings verts, encore s'en goûte les myrtilles, s'en ouissent les butines et s'en mirent les lucioles ...
Ici, chacun sait que toute hiérarchie condamne la diversité des essences de résilience, et que ce qui fait vie,
dans son authenticité et sa spontanéité abreuve la saine danse de la pleine mue ...
Je marcherai longtemps encore ... cueillant, doigts nus, et d'yeux en yeux, de menues gouttes de nues lèges, glanant, sur les joues fines,
quelques aveux d'orages, soufflant à pleines paumes les duvets d'oisillons agiles...
J'aime les fruits aux bords des lèvres ... Toujours un jardin s'y habite et s'orne d'ondes et tintines ...
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Le jardin-forêt de la laie des elfes accueille, en son petit théâtre, et ses coulées de verdures, des rencontres qui s'en veulent rompre
avec les cloisonnements dressés entre les arts, les sciences, les artisanats et la paysannerie,
tout autant avec les populations, et notamment la rurale.
On y parle la langue qui cherche à s'enrichir et se délecte autant des essences de la raison que des nues de la poèsie, des habiles tours de la pogne
ou des godilles vagabondes ... On y cause librement, car tout doit pouvoir être dit pour mieux s'en gorger de connaissances,
et autant mieux s'en immuniser des fourberies.
Rencontrer les autres, c'est, tout autant, être curieux de soi, de ce qu'on s'en empreinte, s'en accorde et s'en partage d'inattendu et de spontanné ...
s'en faire résonner les peaux et la caboche avec les tintines de l'onde absolue ... muser à des friselis d'ailes dans les flues indociles de vents .
Errer, flâner, rêver n'en sont rien de temps perdus, et s'en mènent à des perceptions sans cesse nouvelles qui, loin des maîtrises,
en apportent les agilités de l'esprit et les authenticités de l'onde sensorielle. Cueillir, glaner,
faire fruits et semer, les chairs ivres des branles du funambule qui s'émeut dans un ciel de foudres ! ...
On ne vainc que nus !